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Emmanuel COEURET (Nantes): "Ce qui nous manque, c'est une perf"



C'est au Palais des Sports à l'issue d'un entraînement semble t'il plutôt satisfaisant que Manu COEURET a bien voulu me consacrer une heure pour faire un petit tour de l'horizon nantais. Coupe d'Europe, championnat, ambitions personnelles et même avenir de la LFB, pas de sujet tabou. A lire jusqu'au bout!

"Le groupe vit bien"

• Manu tout d’abord comment vas-tu au moment d’aborder ce 4ème match consécutif à l’extérieur après Rezé, Villeneuve et Anvers ?
Ça va bien. En dehors du basket, le groupe vit bien. Quand on part en déplacement et qu'on se dit qu'on va passer de bons moments c'est déjà plus agréable que de se dire qu'on va galérer!

• Est-ce que ce genre de voyage où vous avez enchaîné Villeneuve et Anvers sans rentrer à Nantes renforce le groupe ou au contraire peut générer quelques tensions à force d’être en tout petit cercle fermé?
Non c’est un groupe qui vit très bien, vraiment. Tu pars, les filles s‘entendent bien et le mix entre les anciennes et les toutes jeunes fonctionne bien. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a jamais de tensions mais on se dit les choses et après on tourne la page. Je peux prendre comme exemple le match de Villeneuve d'Ascqà l'issue duquel, malgré la large défaite, aucune Fille n'a cherché à rejeter la faute sur une autre Fille. J'ai surtout vu des remises en cause individuelles.

• Pendant une telle période le coach reste t’il le coach ou Manu COEURET pose t’il parfois son costume de technicien ?
J'ai un mode de fonctionnement qui est que quand on est sur le terrain on pense basket mais quand on est en dehors, c'est fini. Je tiens toujours à une certaine barrière mais on partage beaucoup de moments ensemble, des bons comme des mauvais. Si je reprend comme exemple le match de Villeneuve, une fois terminé on a bu un coup et passé une bonne soirée ensemble. Je peux être très exigeant sur le terrain, voire très "chiant", mais une fois que le match est fini il est fini. Et puis on se souvient aussi qu’on ne devrait pas forcément être là, que je pourrais ne pas être là à répondre à tes questions. Ça aide à relativiser les mauvais moments!

• D’une manière générale, es-tu plutôt un coach proche de tes joueuses ou préfères-tu conserver un minimum de la distance due à la fonction ?
Oui malgré cette petite distance que je souhaite conserver je pense être assez proches des joueuses. J’ai besoin de sentir qu'elles vont bien dans leur encadrement professionnel. Une joueuse qui n'est pas bien ne peut pas performer. Savoir si mes joueuses vont bien ou pas est quelque chose d'important pour moi.
Manu COEURET, ici à Nantes face au Hainaut
Manu COEURET, ici à Nantes face au Hainaut

"Ce qui nous manque, c'est une perf"

• Avec du recul, disputer cette coupe d’Europe est-ce finalement plutôt un avantage ou un inconvénient ?
C'est bien qu'on la joue. On la voulait cette Coupe d’Europe. Et puis je ne suis pas du genre à trouver des excuses. Les blessées c'est un état de fait, point. Et puis jouer deux fois par semaine ça a aussi certains avantages: on prend un carton contre Villeneuve et on rejoue deux jours après. Du coup, on n’a pas le temps de cogiter. C’est bien aussi pour les jeunes. Aline DUMONT et Katia CLANET sont quasiment à 17 et 15 minutes de jeu en Coupe d'Europe. On a aussi fait jouer Rose DUCRET et Camille LENGLET. Toutes ces jeunes, ça leur donne du temps de jeu et en même temps ça leur montre aussi ce que c'est que le basket. C'est vrai que c'est parfois dur d'enchaîner mais moi je trouve que c'est bien.

• Revenons sur cette saison. Étant donné les contraintes du club, tu t’attendais à une saison difficile. Les difficultés sont-elles finalement supérieures à ce que tu avais imaginé ?
Je suis très content de ce qui se passe. Les gens ont fait ce qu’ils avaient à faire et c'est plaisant. L’état d’esprit est bon et le club renait de ses cendres. On a plus de travail qu'avant mais on travaille dans de bonnes conditions et dans une bonne ambiance. Peut-être est-ce parce qu'on a vraiment eu peur de ne plus exister qu'on est sans doute plus conciliant mais je ne regrette pas du tout.

• En as-tu cependant rencontré un obstacle que tu n’avais pas imaginé ?
Peut-être suis-je un peu déçu d'avoir eu des blessées mais c’est valable pour tout le monde. Tous les coachs te diront ça! Si je devais avoir des regrets ou des déceptions à ce jour, ce serait plutôt sur les matchs de Tarbes et de Mondeville. J'aurais bien aimé voir mon équipe avec ces résultats en plus, voir comment elle aurait abordé Villeneuve. Il y a sans doute des matchs à prendre qu'on n'a pas pris à cause de cela.

• Justement, depuis le début de la saison vous enchaînez des résultats « logiques » avec des défaites contre les gros (Villeneuve, Basket Landes, Tarbes) et des victoires sur les petits (Hainaut, Toulouse, Calais). Il vous manque sans doute ces une ou deux victoires qui auraient fait la différence. A ce titre, sur quelle défaite éprouves-tu le plus de regret : Lyon que vous auriez sans doute pu gagner ou Mondeville que vous concédez de 2 petits points sur un 3-points KB SHARP au buzzer ?
C'est vrai qu'il y a Lyon tu as raison mais comme je te le disais il y a Tarbes aussi car sur le match je suis persuadé que c'était prenable. J’aurais vraiment bien aimé voir mon équipe avec ces deux ou trois victoires en plus. Lyon comme Tarbes, c'est un peu les illusions perdues. On passe à côté d’un truc. Ce qui est rassurant par contre, c'est que c'est à chaque fois de notre faute: on laisse revenir l'adversaire. Pour Mondeville par exemple, tout le monde ne retient que le shoot au buzzer mais on en prend un identique en fin de 2ème quart. Ce n'est pas qu'on n'a pas eu de chance, c'est qu'on a laissé trop de chances à l’adversaire. Mais malgré notre effectif peu étoffé, on n'est pas loin.

• Aujourd’hui, Nantes est-il à sa place ?
Oui oui sur ce que j'ai pu voir, oui. Mais j'aimerais bien que l'on fasse mieux!

• D'ici la fin des matchs aller, vous avez un calendrier compliqué avec Montpellier, Bourges, Arras et même Angers. Es-tu inquiet ?
Vu notre classement aucun club n’est simple à jouer! Et puis tout le monde peut battre tout le monde. Prends Calais par exemple: plus le temps passe plus Calais fait douter ses adversaires. Même au Hainaut on a ramé pour gagner, Angers est en confiance… Il n'y a aucun endroit ou tu peux arriver, t'asseoir en te disant que ça va le faire facilement.

• Tu avais annoncé vouloir être dans les 8 premiers si possible. Est-ce toujours ton objectif ?
Vu le calendrier oui. On n’a pas pris de "doudoune" donc on a des pointaverages que l'on peut rattraper. Bon, ça ne va pas être simple mais ça reste l'objectif. Et puis il y a aussi la Coupe d'Europe parce qu'on ne voulait pas la brader. Ajoute les deux matchs que nous avons évoqués précédemment et ça change notre championnat. Ce qui nous manque, c'est une perf.

• N’est-ce pas finalement frustrant pour toi ?
Si si si, c’est très frustrant. Mais pas que pour moi: pour tout le monde, pour moi comme pour les filles. Le lendemain de Villeneuve on s’entraine et on voit que les Filles ont à cœur de se bouger. Frustrant par rapport au résultat de la veille! En fait, on est trop en réaction. Il faut toujours que l'on soit sur la corde raide pour réagir. Même aux entrainements, il faut des coups de gueule pour monter le niveau! C’est aussi la jeunesse d'une partie de notre effectif qui nécessite de temps en temps qu'on lui remette les idées en place.
Aline DUMONT et Rose DUCRET, deux du trio des jeunes meneuses du NRB
Aline DUMONT et Rose DUCRET, deux du trio des jeunes meneuses du NRB

"Les jeunes doivent toujours tout donner"

• Vu les blessures et notamment celle d'Isis ARRONDO, regrettes-tu de ne pas avoir eu une deuxième meneuse de métier?
Si on en avait eu une, nos résultats auraient sans doute été légèrement différents. Mais je savais depuis le début que nous n'aurions pas d'autre joueuse. Donc je m'adapte et je fais confiance aux gens qui sont là. Je n'ai aucun regret et quand tu pars avec un groupe, tu finis avec le groupe.

• Pour la remplacer, on a l’impression que la roue tourne parfois entre Aline DUMONT, Camille LENGLET et Rose DUCRET ou plusieurs d’entre-elles en même temps. Est-ce que tu cherches encore la formule idéale ?
Pour moi il ne doit pas y avoir de hiérarchie mais de l’émulation. Jusqu’à présent ça fonctionne bien entre les trois. Une fois ce sera l'une, une fois ce sera l'autre ou la troisième. Je ne cherche pas une formule mais la meilleure joueuse du moment doit être là et répondre présent. Je suis globalement satisfait de mon trois joueuse, même si je ne leur dis pas trop souvent. Je savais comment ça se passerait. J’avais dit pour Aline DUMONT qu'elle ferait un match de bien sur cinq. On est un peu en avance mais si elle ne veut pas défendre comme en Belgique, elle ne joue pas! Pareil pour Katia CLANET qui est des fois très présente, des fois un peu dans le creux. Il faut jongler avec tout ça.

• D’une manière générale, qu’attends-tu de tes jeunes ?
On aurait pu prendre une étrangère mais on ne l’a pas fait, je leur rappelle de temps en temps. Elles ne nous doivent rien mais en revanche elles doivent toujours tout donner. Et en général, quand je ne suis pas content, c'est quand elles commencent à ne pas tout donner. Elles ont 16, 17, 18 ou 20 ans et je me souviens que j'ai eu moi aussi cet âge-là. C'est donc bien que quelqu'un leur dise de temps en temps quand elles commencent à "déconner".

• Elles ont toutes les trios la chance de bénéficier de circonstances favorables pour évoluer en Ligue. Énorme chance ou cadeau empoisonné ?
Honnêtement, qu’est-ce qu’elles ont a perdre ? Rien! Leur faire miroiter qu'elles ont le niveau? On est justement là pour leur rappeler qu’elles doivent faire leurs preuves. J'aime bien me mettre à la place des gens et je me dis "qu’est-ce que je ferais à leur place ?" Et bien moi je préfèrerais le gars qui ne me fait aucun cadeau et qui est exigeant mais qui me fait jouer que celui qui me laisse au bout du banc. Bien sur il faut trouver le juste milieu parce que tu ne peux pas user les gens mais c'est ce que je préfèrerais. Il n'y a rien de pire que l'indifférence et si un jour je ne dis plus rien à une joueuse, je ne suis plus exigeant avec elle, alors là c'est inquiétant. Moi, je leur ai dit qu'elles joueraient et je pense que je tiens mes engagements. Après, dans un match, je préfère qu’elles jouent beaucoup ou pas du tout plutôt que 2 minutes par match. C'est dur de ne jouer que deux minutes, tu n'as le temps de ne rien faire.

• Parmi les choses qu’il t’a fallu gérer cette saison, il y a aussi le fait de former un nouveau duo technique avec Damien LEROUX. Comment qualifierais-tu votre association ?
La différence avec la saison précédente c'est qu'on est passé d'un staff à 3 à un staff à 2. C'est un confort qu'on avait et qui était fort appréciable. Damien est sur le Centre de Formation, on joue la Coupe d’Europe... ce n'est pas facile pour lui. Moi du coup j'ai plus de travail sur l'équipe première. Pour lui comme pour moi ce n'est donc pas facile mais on essaye de faire au mieux. J'insiste: ce n'est pas lié aux personnes. Le gros avantage, c'est qu'on se connaît mais ce n’est pas la situation idéale. Après, on le savait et encore une fois je ne me plains pas. C’est un état de fait. Il ne faut pas oublier non plus Caro AUBERT qui nous donne parfois un coup de main énorme, notamment sur le Centre, mais ce n'est pas son job.
Damien LEROUX (à gauche) et Manu COEURET
Damien LEROUX (à gauche) et Manu COEURET

"Je suis un homme de club"

• Dimanche, c’est le BLMA qui est au programme. Qu’attends-tu précisément de cette rencontre ?
Faire honneur à notre maillot en se souvenant qu’il y a une semaine on a été ridicules. On a pris une grosse grosse claque à Villeneuve d'Ascq, on verra demain si c'est un mal pour un bien. On est tombé sur un adversaire qui a montré un beau visage et qui nous a laminé et nous, on a été tristes à mourir.Je ne veux pas être ridicule deux fois de suite et après ce qu'on a subi j'ose espérer que mon équipe va faire un bon match. Sinon, je serais déçu. Étonné, même. Quand tu joues le Champion de France tu dois faire un bon match. Gagner ou perdre, c'est autre chose et cette rencontre est typiquement le genre de match dans lequel le contenu sera plus important que le résultat. Le BLMA c'est plus fort mais ce n'est pas un argument. Il faut que l'on s'occupe de nous avant.

• Es-tu envieux de clubs comme Bourges ou le BLMA qui n’ont pas de soucis budgétaires et qui présentent des rosters d’internationales ?
Pas du tout. J’ai besoin d’un groupe qui vit bien, de sentir mon groupe. J'ai besoin de feeling. Il y a des joueuses en LFB que je ne pourrais pas coacher... Mon groupe doit être réceptif. J'ajoute qu'il n’y a pas que le basket dans la vie. J’adore ça, c’est une grande part de ma vie mais il n’y a a pas que ça. Il y a plein d'autres choses merveilleuses à partager… Je ne suis pas spécialement carriériste même si je reste ambitieux, si je veux gagner des matchs. Je suis un homme de club. Il y a des endroits par exemple où je ne pourrais pas réussir. Il faut que la rencontre puisse se faire entre moi et le club. J'aimerais par exemple réussir à Nantes parce que ce club me correspond bien. J'aimerais bien faire ici comme on a fait à Mondeville. Je pense que je peux y réussir et j'aimerais vraiment. Jouer l’EuroLeague avec Nantes, ça serait super !!! On a pris un peu de retard mais bon…

• D’une manière générale, que penses-tu de ce championnat ? Quelle est la surprise ? Arras ? Tarbes ?
Tout le monde peut battre tout le monde, c'est sa caractéristique principale. J'avoue que j'avais trouvé Arras très bien à l’Open. C'est la force de Cécile PICCIN: c'est un vrai leader. Et comme elle a bien construit son équipe... Une victoire, deux victoires, trois victoires et tout s'enchaîne. J’ai bien aimé cette équipe, son enthousiasme. Ça fait plaisir à voir. Ça ne suffira peut-être pas pour être dans le Top 4 parce que la réalité économique prendra sans doute le dessus mais c'est bien ce qu'elles font.

• Je te laisse le dernier mot…
Tu me prends un peu au dépourvu... Disons que j'’espère qu’on ne va pas faire la bêtise de passer à 12 clubs en LFB! Ce serait une hérésie. Comme souvent en France on va sans doute réagir après mais c'est maintenant qu'il est temps de se bouger, avant que ce soit fait. Il faut se réveiller. Une Ligue à 12, c'est 20 joueuses, 6 coachs et les Centres de Formation qui vont avec en moins. Les joueuses françaises, elles vont jouer où? Si ça ne gène personne tout ça, moi ça me gêne! S'il y a 3 descentes l'année, prochaine, ce sera la surenchère assurée contrairement à ce qu'on nous a vendu. Toutes les ligues qui ont fait ça en Europe ont régressé. C’est tirer vers le bas et ça n'a jamais été une solution. On pourrait par exemple envisager une Ligue fermée. De toute façon elle est fermée de fait depuis des années! Autre solution: mieux de préparer les clubs en Ligue 2. On pourrait aussi ne pas faire de trêve de Noël par exemple: sur une saison qui dure 5 mois ce ne serait pas choquant! Regarde aussi le championnat de NF2: c'est une bonne formule mais en ce qui nous concerne, après Angers et la Rochelle on joue à Anglet ou Tournefeuille! Il faut être sérieux! Prends encore les U17: deux ans chez les filles, 3 ans chez les garçons! C'est totalement incohérent.
Regarde chez les hommes: en ProA et ProB on augmente les championnats et nous on va le diminuer. On a 15 ans de retard sur le basket hommes! Le sport féminin est le parent pauvre du sort mais il faut arrêter de faire semblant. Je suis effrayé parce qu'on passe notre temps à ménager la chèvre et le chou. Le compromis a ses limites.


Merci coach, ça a le mérite d'être dit! Accessoirement, je souscris totalement à ces arguments en y ajoutant que vendre à des partenaires une saison de 11 rencontres sur moins de 5 mois tiendra de la gageure et que dans ces conditions payer des salaires sur 12 mois est une incongruité économique. Reste maintenant à espérer pour ce dimanche un bon match de Cap'tain Aurélie BONNAN et ses partenaires afin de valider la capacité de réaction des Déferlantes.

Dimanche 7 Décembre 2014
Dominique B.

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