NF2/Espoirs Damien LEROUX (Nantes) : "Il faut être très au clair avec nos objectifs d’apprentissage"

A un peu moins de 48 heures d'un alléchant BLMA Espoir vs Nantes Espoir (attention la rencontre est programmée ce mercredi à 16h30 !), quoi de mieux que de prendre quelques nouvelles du "camp d'en face" ? C'est le coach Damien LEROUX - un habitué de ces colonnes que je ne remercierai jamais assez de sa disponibilité - qui s'y colle.

• Damien tout d’abord comment vas-tu ?
Très bien merci !

• Revenons quelques secondes sur cette première victoire des Pros à l’extérieur. Est-ce sur cette rencontre à Charleville que vous la méritez le plus ou avec un peu de réussite cette « première » aurait-elle du arriver avant ?
Je ne sais pas si c’est sur cette rencontre que l’on mérite le plus de gagner mais c’est sur ce match que nous avons été le plus stable dans notre prestation.

• Le Top 8 est-il toujours envisageable ?
Ce ne sera pas facile mais je pense que c’est toujours possible. On est à une victoire du 8ème et il reste 8 matches.

• Avec votre effectif, est-ce bien raisonnable d’ambitionner de disputer quelques rencontres supplémentaires ?
Même si la fatigue a été ressentie lors de certains matches, les matches de Coupe d’Europe ont été très bénéfiques pour la dynamique de groupe. Quand tu perds et que tu enchaines tout de suite par un autre match tu n’as pas trop le temps de cogiter. Et puis quand tu te bats toute la saison pour avoir un bon classement et que celui te donne accès à une Coupe d’Europe, tu ne peux pas la refuser. Sinon quel intérêt d’atteindre cet objectif ?

• Peux-tu nous donner des nouvelles d’Isis ARRONDO et d’Emilija PODRUG ?
Suite à sa blessure, Isis a été opérée. Elle sera absente jusqu’à la fin de saison. Emilija devrait être de retour cette semaine si tout va bien

• L’effectif pro est très limité pour toutes les raisons que l’on connait. Du coup, beaucoup d’éléments des Espoirs comme Aline DUMONT, Rose DUCRET ou Katia CLANET sont totalement impliqués en LFB. Cela ne rend-il pas ta tâche trop difficile ?
Certes avec les 3 jeunes filles que tu cites, si elles jouaient tout le temps en Espoirs, nos résultats seraient meilleurs. Mais seraient-elles encore chez nous si elles ne jouaient pas en LFB ? Quand tu entraines un Centre de Formation l’objectif premier n’est pas de finir champion (même si je l’avoue c’est gratifiant). L’objectif est de voir les jeunes filles issues de ta structure intégrer ton équipe pro. Morgane CARDIN (mon prédécesseur) a atteint cet objectif : sur les 3 noms que tu cites, 2 sont issus du Centre de Formation qu’elle dirigeait (Katia vient du Centre Fédéral)

• Nantes ne compte aujourd’hui que deux victoires : est-il à sa place dans ce championnat de NF2 ?
Je suis intimement persuadé que l’on mérite d’être bien mieux classé mais une mauvaise période a eu raison de la confiance du groupe et on a du mal à remonter la pente. A l’entrainement depuis quelques semaines, on commence à voir du mieux. Les filles comprennent ce que l’on attend d’elles. D’ici peu les répercussions sur nos résultats devraient s’en faire sentir

• Avant la rencontre de samedi dernier face à Tarbes, les Déferlantes ont communiqué sur l’ « opération maintien ». Les Espoirs du club sont-ils réellement en danger ?
Quand tu perds 14 matches de suite, la confiance est loin d’être à son plus haut niveau. Si on ne veut pas que celle-ci descende encore plus et nous empêche de continuer à travailler et avancer, il faut absolument que sur les matches à enjeux que sont les rencontres entre Centres de Formation les filles se sentent soutenues. Donc même si le danger n’est pas à son paroxysme pour le moment, il est préférable de prendre les devants.

• On oppose souvent la nécessité de former – et c’est bien le but des Centres de Formation – et celle d’avoir tout de même un certain nombre de résultats positifs. De quel côté ta philosophie te conduirait-elle ?
Je vais faire court car sur ce sujet je pourrais parler pendant des heures. Comme tu peux t’en douter (enfin j’imagine) ma philosophie est clairement portée sur la formation. Je pense que gagner c’est bien, mais surtout pas à n’importe quel prix. Je suis prêt à perdre des matches si cela est nécessaire à l’apprentissage. Comme je l’ai dit plus haut, être champion c’est certes gratifiant mais ce n’est pas la raison pour laquelle on gère un Centre de Formation. Il ne faut jamais oublier pour quoi on est là. Toutefois, s’il n’y a pas de victoire on n’avance pas ou plus lentement. Et gagner, ça s’apprend. Il faut donc être très au clair avec nos objectifs d’apprentissage pour jongler avec les différentes composantes de la formation. Je pourrais aller plus loin dans mon approche mais cela nécessiterait d’être exhaustif sur plein de points, donc très long, et ce n’est surtout pas l’objectif de cette interview.

• Compte non tenu de Calais qui est monté au dernier moment en LFB, Nantes et le BLMA sont les deux équipes Espoir qui comptent le moins de victoires dans leur championnat : 2. Bourges en compte 6, Basket Landes et Mondeville 7 et le Hainaut 13. C’est donc possible de gagner avec un Centre de Formation ?
i[Oui complètement. Et je pense même que nos deux équipes ne sont pas à leur place. J’ai eu l’occasion de voir celle du BLMA en novembre à Lattes contre Saint-Jean-de-Muzols la veille du match pro BLMA-NRB et je connais la valeur de certaines joueuses pour les avoir jouées lors de mes années aixoises. Je trouve qu’il y a une très belle équipe à Montpellier.

• Trouves-tu que ce format soit légitime ? Ne vaudrait-il pas mieux que les équipes Espoirs jouent également leur maintien sur les matchs de NF2 ?
Je trouve ce format très bien. En jouant le maintien en NF2 comme les autres équipes fédérales, on rentrerait dans un système de “championnite” et on en oublierait la formation. J’en reviens toujours au même : pour quoi est-on là ??? Il faut laisser le temps aux jeunes filles d‘apprendre leur métier.

• Dans le même ordre d’idée, la plupart des Centres de Formation n’ont pas inscrit leur équipe Espoir en Coupe de France pour alléger leur calendrier mais certains comme Tarbes, Angers, Villeneuve d’Ascq ou Arras l’ont fait quand même. Est-ce toi qui a décidé ?
Non quand je suis arrivé à Nantes la décision avait déjà été prise mais au vue du groupe de cette année, je pense que c’est une très bonne décision. Le principal intérêt pour moi de cette compétition (au delà d’augmenter le nombre de matches qui est déjà important pour les filles qui jouent également en U17) est de confronter nos espoirs à de la NF1. Mais cette année on n’était pas prêt à ce type de confrontation.

• Justement mercredi c’est le BLMA. Que redoutes-tu le plus de cette rencontre ?
Je ne sais pas si je redoute vraiment quelque chose en particulier. Tout ce que j’espère ce que l’on sera à la hauteur de nos capacités.

• Allez-vous profiter de l’occasion pour assister au match d’EuroLeague après ?
C’était ce qui était prévu au départ et une des raisons de l’avoir mis à cette date mais malheureusement on a du s’organiser différemment et on repartira après le match.

• Lorsque je l’ai interviewé avant BLMA vs Nantes en LFB, Manu COEURET me disait au sujet de votre tandem : « Pour lui comme pour moi ce n'est donc pas facile mais on essaye de faire au mieux ». Dans quel domaine cela est-il finalement le plus compliqué ?
Manu avait la chance d’avoir un adjoint à temps plein les saisons passées alors que cette année je suis sur les pros et le Centre de Formation. Ce sont deux fonctions à temps plein. N’ayant pas le don d’ubiquité, je ne suis pas toujours disponible pour l’un ou pour l’autre et quand c’est en défaveur des pros, c’est Manu qui doit compenser. Pour moi ce qui est compliqué c’est que je n’ai pas le temps d’approfondir mes missions dans les deux domaines. Mais bon, je ne m’en plains pas. En acceptant le projet de Nantes je savais très bien ce que cela impliquait.

• Parlons d’avenir. Sais-tu déjà de quoi ton été sera fait ?
Et bien cet été je rempile pour une campagne avec les Équipes de France jeunes. Je fais parti du staff des U19 au Championnat du Monde.

• Seras-tu toujours nantais la saison prochaine ?
Oui je suis encore sous contrat. Et comme tu le sais j’aime travailler dans la durée. Donc quand je me sens bien quelque part je veux rester.

• C’est la coutume : je te laisse le dernier mot, Damien…
Et bien comme d’habitude, je te remercie de suivre notre cher basket féminin et de communiquer dessus comme tu le fais si bien depuis près de 10 ans maintenant. Merci à toi Dominique et à mercredi

A mercredi oui Damien. Avec une impatience non dissimulée et dans l’attente d'une rencontre qui me tient particulièrement à cœur. Mais ça, c'est pas un scoop !

> Mercredi à 16h30 au Palais des Sports de Lattes : BLMA Espoirs vs Nantes Espoirs